1973 suite

Partout les planchers, les portes et parfois même les fenêtres ont été arrachés tandis que les rez-de-chaussée se remplissaient de gravas. Qui en effet songerait à louer une benne lorsque une cloison est abattue?
Bien sûr pendant les travaux la lutte
continue. L'Hebdo Sèvres s'est arrêté au sixième numéro, mais la volonté de subvertir le quotidien est intacte. Les lycéens mobilsés contre la loi Debré sont à la pointe du combat.

Un groupe qui s'est autoproclamé "irrécupérables" a déjà fait parler de lui en février en organisant une grêve pour rigoler, une grêve "qui ne revendique rien parce qu'elle revendique tout". Cela a commencé comme un jeu dans la cour du second cycle, puis une sono a été installée pour un concert sauvage qui a réuni près de 200 élèves.

L'administration débordée s'est avérée incapable d'interrompre les festivités. En avril la tension monte d'un cran, les jeunes lycéens quittent leur territoire pour s'attaquer à la quinzaine commerciale. Même Le Figaro s'en émeut : Pendant plus d'une heure, la ville de Sèvres a vécu hier au rythme de la propagande lycéenne, une quarantaine de manifestants ayant à l'heure du déjeuner réussi à s'introduire dans le studio de la quinzaine commerciale. Les innombrables haut-parleurs, disséminés à travers la cité ont, durant le repas, diffusé des slogans contre la loi Debré et antimilitaristes, entre-coupés de musique pop. L'Aube Nouvelle, journal du PC Sévrien précise un groupe de lycéens du technique et squatters de la rue des Caves. Qu'on se le dise.De leur côté les lycéens exposent dans un tract les mobiles de leur action et concluent Une société qui abolit toute aventure fait de l'abolition de cette société la seule aventure possible.

Et c'est signé "Dédé la rondelle".

 
Michael, Dominique Berthon, Didier Montaras et Jean-Claude Picard

 

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