"L'affaire
MPMC" qu'évoque Jean-Jacques Guillet dans la n°1
de République
a commencé en septembre 1983. Dans l'ancienne usine de caoutchouc,
dite MPMC, que la mairie avait rachetée pour en faire le centre
culturel de Sèvres, une association de jeunes, Issue de Secours,
déchaîne les foudres de Jean Caillonneau. Issue de Secours
est un café sans alcool, qui à bien des égards ressemble
au Gros Balzac. La seule différence notable est que ceux qui le
fréquentent sont plus bruyants que les lycéens du Gros Balzac.
Ils viennent plutôt de Danton, la cité HLM, aiment le "Pogo",
une danse bousculade, et sont souvent dehors, le chômage n'y est
pas pour rien. Jean Caillonneau est convaincu que ces jeunes que personne
n'encadre constituent un foyer de désordre. Pour lui, fermer le
café et avec lui toutes les activités louches qui se déroulent
dans l'ancienne usine, devient une priorité, une urgence même.
Les associations s'accrochent, arguant de leur utilité sociale
et des conventions passées avec l'ancienne municipalité.
Mais le maire ne lâche pas prise, il tente à plusieurs reprises
le coup de force, entame des procès et à bout de ressources,
le 3 janvier, alors que l'usine est occupée nuit et jour par les
associations sur le pied de guerre,
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organise
une opération de vidage para-militaire, avec hommes de main, barres
de fer et gaz lacrymogènes. Jacques Grosset, animateur deeIssue
de Secours est défenestré du deuxième étage
de l'immeuble. Plusieurs autres jeunes se font bastonner. Une jeune fille
est transportée à l'hôpital le crâne ouvert.
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Manu
Chao fait vibré les vieux murs de la MPMC, c'est les débuts
de la Mano Négra,
il joue encore du bon vieux rock qui tache |
Marion
Anzieu sont présents. Hercelin leur semble fatigué de toute
cette histoire et désireux d'en finir. Il propose un calendrier
de travail afin d'aboutir avant l'été à une situation
de droit normal. Plusieurs rendez-vous sont pris, côté Emmaüs
les fils du dialogue semblent vouloir se renouer. Ailleurs par contre
tout va mal. En avril "la coop" est murée. Un mois plus
tôt, malgré une mobilisation sans précédent
provoquée par les exactions de la municipalité, MPMC était
rasée. Les lieux et les associations non contrôlés
par la municiplaité ont chaud aux plumes. Ces événements
incitent les habitants de l'ilôt à ne pas perdre le "fil"
Emmaüs et à sortir au plus vite de la situation de flou qui
prévaut encore trois ans après l'achat par la société
HLM. Le dossier d'aileurs avance bien. Olivier Dugas a ouvert son atelier
à Ville d'Avray, et immeuble après immeuble, les projets
de réhabilitation prennent forme. Même le problème
de l'aile gauche du 25, dont l'état justifie la démolition,
est en cours de règlement. La destruction se fera en douceur afin
de ne pas abimer la partie droite, ni le bâtiment abritant Musiques
Tangentes qui se trouve juste derrière. Les habitants quant à
eux se serreront durant six mois, dans le reste de l'immeuble en attendant
la livraison des logements PLA construits sur le jardin. Emmaüs n'a
en effet prévu aucun relogement dans les 48 logements du Ruisseau
de la forge. La démolition a lieu fin juin, elle se déroule
comme prévu, à ceci près que pour soutenir le 25,
les "Charpentiers de Paris" ont installé dans la cour
deux énormes piliers qui donnent à l'immeuble un petit air
malsain. Chacun est en droit de penser que l'arrêté de péril
est imminant. |
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