Calicots et porte-voix, les ouvriers de la Société Européenne de Brasserie, la SEB, mettent une dernière main aux préparatifs de leur manif. Rassemblés sous le porche du 3 de la rue des Caves, ils commentent la décision de la direction du groupe de fermer leur unité sévrienne. Cette restructuration, que la direction justifie par la vétusteté des locaux, va se solder par des licenciements. En tout cas pour tous ceux qui refuseront de suivre l'entreprise à Mulhouse. Il est vrai que "La Meuse", comme on l'appelle, ne date pas d'hier. Avec son allure de château fort, l'usine mériterait même d'être classée au titre de patrimoine industriel du 20ème siècle. Mais la réelle raison de ce départ est ailleurs. Le prix des terrains a tellement grimpé en région parisienne qu'y maintenir des locaux relève du placement immobilier, et par les temps qui courent les entreprises pensent plus à survivre qu'à placer. La COGEDIM, important groupe immobilier, ne s'y est pas trompé et a proposé à la SEB un bon petit pactole. La promesse de vente est sur le point d'être signée, d'où la manif. Manifestation symbolique au demeurant, les quelques 200 employés auxquels se sont joints des ouvriers de l'usine de Mulhouse ne font pas le poids. Un nouveau |
chantier
en perspective. Emmaüs , bien que trois de ses immeubles jouxtent
la SEB, ne s'en soucie guère. Pressée par la municipalité
qui voudrait bien voir la parcelle E et F (dénomination poétique
du 25 et du Hameau) nettoyée. La société HLM cherche
à se débarasser du dernier ilôt de résistance.
En plein conflit, il y a un an, elle a accepté de maintenir sur
place Musiques Tangentes et les habitants du 25, jusqu'à livraison
de l'immeuble du 14. Mais c'était dans le feu de l'action, et Emmaüs
n'avait alors aucune solution de rechange. Aujourd'hui les choses se présentent
différemment, la mairie en effet propose de mettre à la
disposition de l'association un pavillon qu'elle possède 50 m plus
haut, au 1bis, rue du docteur Ledermann. Du coup, Emmaüs envisage
la démolition de l'ensemble de la parcelle pour le mois de juillet. |
Cette toile peinte par Thierry Cowet en 1984, servit de toile de fond à la réalisation du tableau vivant "N'importe où...", présenté à la biennale de Venise. L'oeuvre finale fut achetée en 1987 par le Musée d'Art moderne de Paris. |