1978

Roger Fajnzylberg n'a pas perdu son temps à la SEMI. Avec un groupe d'architectes de l'Atelier Saint-Germain, il a mis au point un projet sur le centre ville. Une exposition est organisée en mai. L'avis des Sévriens y est même sollicité. L'une des questions prouve qu'un vent nouveau est en train de souffler : "Etes-vous d'accord pour envisager le maintien et la réhabilitation de la plupart des immeubles de la rue des Caves et sa transformation en rue piétonne, ouverte à toute la population ?". Un gros morceau est gagné. Restent d'autres problèmes d'urbanisme, en particulier celui de la rue de Ville d'Avray. Il est plus que question de faire "sauter" Nashville, une ancienne boutique de vêtements et d'élargir la rue. L'élargissement, c'est la priorité à la voiture. Partie de la commission extra-municipale d'urbanisme, la polémique s'engage. Le groupe des militants en fait son cheval de bataille. Depuis la fin de

Sèvres rencontres les lieux d'expression se raréfient et puis la commission extra-municipale d'urbanisme est une bonne plate-forme. Ce qui irrite les habitants du 18 et plusieurs anciens au 22 c'est que, non contents d'agir sur l'extérieur, les militants aient des vues sur l'intérieur. L'esprit militant gagne de plus en plus nettement le haut de la rue. Il est question de fixer des règles de fonctionnement, d'établir une gestion qui aille beaucoup plus loin que la simple répartition des charges.. "Qu'ils veuillent fonctionner ensemble et se fixer des règles de conduite, très bien, tant qu'ils ne cherchent à les imposer" pense Guy-Pat que l'activisme agace. Sans tenir compte de ces réticences, un collectif se crée entre les habitants des 28-25-22-18, qui se dote d'une table de la loi. La participation de tous aux travaux, à la gestion des immeubles et à la popularisation de la lutte est requise. Au passage, par souci de cohérence, l'utilisation des chauffages électriques est proscrite. On ne peut, dit le texte, condamner une société nucléaire (qui ne peut être que centralisée et policière) et utiliser l'électricité comme moyen de

 

Mur du 25 (fragment)

chauffage (...) Bien sûr, dit encore le texte, cette organisation n'est pas une fin en soi ; elle est la condition sine qua non pour dépasser les difficultés matérielles et vivre dans ces espaces selon nos besoins et désirs. (Aménagement et création de lieux de production, crêches, bibliothèques, lieu collectif de réflexion et d'élaboration de projets, coop, etc). Une cohérence minimum doit habiter les lieux. Si les désirs d'investissement diffèrent suivant les individus, restructurons l'espace... En somme il faut se soumettre ou se démettre. Ceux qui en 1972 ont vécu "la semaine de discussion" retrouvent là un air connu. Mais le temps où pour vivre une nouvelle aventure il suffisait d'ouvrir un nouvel immeuble est révolu. Le quartier n'est plus extensible, les restructurations s'effectuent de manière chirurgicale. Qu'importe, le collectif existe, les travaux avancent, on refait un plancher au 25 et le toit pendant que l'on y est. Dans le jardin les abricots sont somptueux... Dans le bas de la rue, l'heure est aux adieux. Daniel , Sylvie et Véronique quittent le 7, eux aussi ont entendu l'appel du grand large. Ils partent à la campagne. Annie, son fils Mathias et Alain en profitent pour quitter l'aile du 25 qui est complètement insalubre, et s'installent au 7. La vie suit son cours. En novembre, on apprend bien que Penicaut a gagné son procès contre l'imprimerie, mais Eddy a l'air très sûr de son affaire.Il a mille arguments pour dire que l'expulsion est impossible. Personne donc ne s'en soucie vraiment. Par ailleurs, les nouvelles sont bonnes, le conseil municipal vient d'approuver le principe d'une réhabilitation/rénovation de l'ilôt, pour la première fois, officiellement, il n'est plus question de tout raser.



Cahier de comptes

Suite